Les pays
euro-méditerranéens concluent dans la douleur un accord sur le terrorisme
Associated Press, le
28.11.2005 à 16h52
--par
Christine Ollivier--
BARCELONE
(AP) -- Les 35 pays partenaires du processus euro-méditerranéen réunis à
Barcelone sont finalement parvenus, dans la douleur, à adopter lundi un "code de
conduite contre le terrorisme" et un nouveau programme de travail sur cinq ans,
à l'occasion du dixième anniversaire du processus de Barcelone.
Toutefois,
l'UE a dû renoncer, en raison de divergences de vues sur le processus de paix au
Proche-Orient, à une déclaration politique sur une "vision commune" du
partenariat, qui aurait lié plus directement l'aide européenne au progrès des
réformes démocratiques, économiques et politiques au Proche et au Moyen-Orient,
selon des diplomates.
Le "code
de conduite contre le terrorisme" exprime une "totale condamnation du
terrorisme, quelles que soient ses formes et ses manifestations" et la
"détermination" des 35 à "l'éradiquer".
Les pays
membres du partenariat euro-méditerranéen (UE, Algérie, Autorité palestinienne,
Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie) s'y engagent
donc à développer leur coopération policière et judiciaire contre le terrorisme.
Jusqu'au
bout, les négociations auront pourtant failli échouer, les pays arabes
souhaitant que le texte souligne que cette condamnation ne remettait pas en
cause "le droit des peuples sous occupation étrangère" à mettre fin à cette
occupation.
"Le fait
que nous ayons un accord de tous sur le code de conduite est un pas en avant
très significatif", a assuré lundi le Premier ministre britannique Tony Blair,
président en exercice de l'UE.
"Nous
avons fait un pas de plus vers notre objectif, qui est de faire de la
Méditerranée un trait d'union et non pas une barrière, et pour avoir une aire de
paix, de stabilité et de progrès, à la fois économique et humain", s'est
félicité de son côté le président français Jacques Chirac en saluant un résultat
"tout à fait positif".
Les pays
arabes sont "autant que nous victimes d'actes terroristes", a-t-il souligné, en
faisant état d'une "vraie coopération, une vraie analyse commune" sur ce sujet.
Profondément divisés sur le processus de paix israélo-palestinien, les 35 ont en
revanche renoncé à adopter une déclaration sur leur "vision commune" des
relations entre les deux rives de la Méditerranée. C'est Tony Blair qui en a
résumé le contenu dans une déclaration de la présidence britannique, au nom des
pays membres. Ils y réaffirment l'objectif du processus de Barcelone de créer
une "aire commune de paix, de stabilité et de prospérité", et notamment celui de
la création d'une zone de libre-échange d'ici 2010.
Sur la
question des migrations internationales, "on a également progressé", a assuré
Jacques Chirac. "Nous sommes déterminés à lutter de façon efficace contre tous
les trafics auxquels cette immigration donne lieu et à rassembler nos
informations et nos énergies" pour cela, a-t-il affirmé.
Depuis
1995, l'UE a versé quelque 20 milliards d'euros de subventions et de prêts aux
pays méditerranéens pour tenter de faire progresser l'économie et la démocratie,
pour l'heure avec des résultats décevants. "Cela fait beaucoup d'argent", a
souligné Jacques Chirac. "On ne peut pas dire que l'Europe ait eu un
comportement égoïste". Et, dans les années à venir, "l'effort sera poursuivi",
a-t-il promis.
Reste que
seuls deux dirigeants des dix pays maghrébins et proche-orientaux membres du
partenariat avaient fait le déplacement à Barcelone: le président de l'Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
En
revanche, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président égyptien
Hosni Moubarak, le président algérien Abdelaziz Bouteflika -hospitalisé à
Paris-, les rois Abdallah de Jordanie et Mohammed VI du Maroc, ainsi que le
président libanais Emile Lahoud, ont tous déclaré forfait. Le président syrien
Bachar el-Assad, lui, n'a pas été invité en raison du manque de coopération de
son pays dans l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier
ministre libanais Rafic Hariri.
Euromed - La
lutte contre le terrorisme sauve Barcelone
Reuters,
le 28.11.2005 à 16h37
par
Sophie Louet et Yves Clarisse
BARCELONE, 28 novembre
(Reuters)
- L'Union européenne et ses dix partenaires du pourtour de la Méditerranée ont
adopté lundi un code de conduite pour lutter contre le terrorisme, une
"première" qui a permis d'éviter un fiasco total à Barcelone.
Les représentants des
35 pays, qui sont facilement parvenus à un accord sur un plan d'action pour
relancer la coopération euro-méditerranéenne dix ans après l'avoir portée sur
les fonts baptismaux, ont dû négocier jusqu'à la dernière minute pour parvenir à
un compromis sur ce dossier très sensible.
"Le terrorisme ne peut
jamais être justifié", peut-on lire dans ce code qui les engage à arrêter et à
traduire en justice tous les auteurs d'actes de cette nature, tout en renforçant
les échanges d'information et la collaboration entre les pays.
Chaque camp a dû faire
des compromis pour y arriver.
Les Européens ont
abandonné leur volonté d'y voir inclure une référence au fait que le droit à
l'autodétermination ne justifie pas le terrorisme et les pays arabes ont accepté
en retour d'omettre une référence à la résistance à l'occupation.
La définition du
terrorisme est d'ailleurs laissée à l'Onu.
Mais les organisateurs
du sommet, Tony Blair et son homologue espagnol José Luis Rodriguez Zapatero,
ont estimé qu'il n'y avait pas la moindre ambiguïté dans la condamnation.
"C'est la déclaration
la plus forte qu'on puisse avoir", a déclaré le Premier ministre britannique.
L'absence de huit
dirigeants à Barcelone n'a pas non plus été jugée comme un signe de faiblesse de
la coopération.
PAS DE
VISION COMMUNE DE LA PAIX
Si la Turquie et
l'Autorité palestinienne étaient présentes au plus haut niveau, l'Algérie, la
Syrie, l'Egypte, la Tunisie, le Liban, la Jordanie, le Maroc et Israël étaient,
pour des raisons diverses, représentés par des hommes qui ne concentrent pas
réellement le pouvoir dans leurs mains.
"Il y avait de bonnes
raisons dans chaque cas", a expliqué Blair, qui a refusé d'inviter les
présidents syrien et libanais éclaboussés par l'enquête de l'Onu sur l'attentat
qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en février.
En privé, toutefois,
les diplomates européens regrettaient l'"occasion manquée" par les dirigeants
arabes de faire entendre leur voix au plus haut niveau dans ce forum créé pour
eux.
Mais le désaccord sur
la vision du processus de paix au Proche-Orient, qui traverse toute la relation
entre le nord et le sud de la Méditerranée, n'a pas pu être passé sous silence.
Le communiqué final
sur le 10e anniversaire de la coopération euro-méditerranéenne n'a pas été
approuvé par les pays arabes en raison de divergences persistantes et a été
remplacé par des "conclusions de la présidence" britannique.
Pour Blair, il s'agit
d'un détail, puisque le désaccord porte sur les "mots" qu'utilisent les
Palestiniens et les Israéliens, et non sur la perspective de deux Etats vivant
côte à côte dans la paix et à l'abri de frontières sûres.
Il a toutefois été
impossible de mettre d'accord les 35 pays sur un texte qui évoquerait par
exemple la frontière du futur Etat palestinien ou la question des réfugiés.
"Le long conflit
israélo-arabe, l'occupation continue par Israël de territoires en Palestine, en
Syrie et au Liban et les perspectives de paix qui s'éloignent continuent à faire
obstacle au processus de paix", a ainsi estimé le ministre syrien des Affaires
étrangères, Farouk al Chara.
RELANCE
DU PROCESSUS
La relance du
processus par un plan d'action sur cinq ans est dans ce contexte passée
pratiquement inaperçue.
"Nous avons fait un
pas vers notre objectif, qui est de faire de la Méditerranée un trait d'union et
non pas une barrière et pour avoir une aire de paix, de stabilité et de progrès,
à la fois économique et humain", a pourtant estimé Jacques Chirac.
La lutte contre
l'immigration clandestine, l'éducation, la recherche et la création d'une zone
de libre-échange en 2010 - y compris pour l'agriculture et les services,
jusqu'ici exclus - figurent parmi les priorités de ce plan, qui prévoit des
fonds pour les pays qui améliorent leur "gouvernance" démocratique.
Car le bilan est bien
maigre jusqu'à présent.
Certes, en 10 ans,
l'UE a conclu avec tous ces pays des accords d'association - pour la Syrie, sa
signature attend pour des raisons politiques - avec des volets commerciaux.
Vingt milliards
d'euros - 9 milliards de dons et 11 milliards de prêts - ont été accordés à la
région depuis 1995, à des projets qui vont de l'éducation à l'assainissement des
eaux usées en passant par le soutien à l'économie palestinienne.
Mais, comme le relève
le président du Parlement européen, Josep Borrell, le revenu par tête dans l'UE
des Quinze est passé en dix ans de 20.000 à 30.000 dollars, alors qu'il restait
bloqué à 5.000 dollars dans les dix pays du Sud.
Pour lui, le problème
est principalement le manque d'investissements privés, qui sont allés vers
l'Est.
Le Proche-Orient au coeur
d'un sommet Euromed déserté par les leaders arabes
AFP, le 27.11.2005 à
21h23
Par
Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS
BARCELONE (Espagne), 27 nov 2005 (AFP) - En l'absence de presque tous les
leaders arabes et du Premier ministre israélien, le premier sommet
euroméditerranéen de l'histoire s'est ouvert dimanche soir à Barcelone sur fond
de fortes dissensions sur le Proche-Orient.
Le roi
d'Espagne Juan Carlos a donné dimanche soir le coup d'envoi du sommet par un
dîner offert aux chefs de délégation, au commencement duquel il a déclaré que
"le Processus de Barcelone répond à une nécessité politique, stratégique,
économique et sociale".
Le
partenariat lancé en 1995 "a été conçu pour affronter le défi d'apporter
davantage de paix et de stabilité à la région", a dit le roi, en demandant
désormais des "mesures politiques concrètes capable d'affronter les nouveaux
défis".
Sur les
dix partenaires méditerranéens de l'UE conviés à ce sommet pour essayer de
relancer le partenariat, seules l'Autorité palestinienne et la Turquie sont
représentées à Barcelone par leurs plus hauts responsables gouvernementaux,
Mahmoud Abbas et Recep Tayyip Erdogan.
Ni les
chefs d'Etat ou de gouvernement d'Algérie, d'Egypte, d'Israël, de Jordanie, ni
ceux du Maroc ou de Tunisie n'ont fait le déplacement. Les présidents de Syrie
et du Liban n'avaient pas été invités par la présidence britannique de l'UE, en
raison de la controverse entourant l'enquête de l'Onu sur l'assassinat du
Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Le chef de
l'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika est quant à lui hospitalisé et s'est fait
représenter par son ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem.
"Certaines
absences sont justifiées, d'autres moins", a commenté le président du parlement
européen Josep Borrell.
Presque
tous les leaders européens étaient en revanche présents, sous la houlette des
deux hôtes, Tony Blair et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez
Zapatero.
M.
Zapatero a conduit dimanche une réunion avec tous les participants au sommet
pour les informer sur le projet d'Alliance des civilisations qu'il avait
formellement lancé plus tôt dans la journée à Palma de Majorque (Baléares) avec
M. Erdogan.
Le groupe
de haut niveau de l'Onu mis en place dimanche devra proposer des "solutions
concrètes" pour fomenter le dialogue entre l'islam et l'Occident, avec pour
ambition de saper les "prétextes de légitimation" du terrorisme islamiste.
M.
Zapatero a assuré qu'il "considèrerait le sommet comme un succès s'il permet de
conclure un plan d'action sur cinq ans", concernant notamment le problème de la
régulation de l'immigration clandestine qui préoccupe l'Espagne.
Ce
document, l'un des trois que doivent adopter les participants d'ici lundi à la
mi-journée, est celui qui pose le moins problème.
Plus
polémique est le "code de conduite" antiterroriste sur lequel les délégations
semblent avoir finalement trouvé un accord, en renvoyant à la déclaration
finale les références controversées aux frontières israéliennes de 1967 et au
"droit à l'autodétermination et à la résistance" réclamée par les pays arabes.
Les 35 ont
du coup encore plus de mal à s'entendre sur la déclaration finale, selon une
source européenne.
L'Egypte
et la Tunisie résistent fortement aux pressions européennes pour qu'elles
prennent des engagements sur la bonne gouvernance, la démocratisation ou les
droits des femmes, selon une source espagnole.
La
chancelière allemande Angela Merkel, qui s'est entretenue dans la soirée avec
M. Erdogan, a déclaré que ce sommet, le premier auquel elle participe, "doit
envoyer le message selon lequel nous sommes interdépendants au sein de la
région Méditerranée".
"Nous
avons des problèmes d'immigration, de terrorisme, et nous ne pourrons faire des
progrès" que si les pays du sud "ont des perspectives économiques", a-t-elle
ajouté.
Plusieurs
milliers de personnes ont manifesté pacifiquement en milieu de journée dans le
centre de Barcelone contre "la Méditerranée du capital et de la guerre".
Le Proche-Orient au coeur
d'un sommet Euromed déserté par les leaders arabes
AFP,
le 27.11.2005 à 19h08
Par
Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS
BARCELONE
(Espagne), 27 nov 2005 (AFP) - En l'absence de presque tous les leaders arabes
et du Premier ministre israélien, le premier sommet euroméditerranéen de
l'histoire s'ouvrait dimanche soir à Barcelone sur fond de fortes dissensions
sur le Proche-Orient.
Sur les
dix partenaires méditerranéens de l'UE conviés à ce sommet pour essayer de
relancer le partenariat créé en 1995, seules l'Autorité palestinienne et la
Turquie sont représentées à Barcelone par leurs plus hauts responsables
gouvernementaux, Mahmoud Abbas et Recep Tayyip Erdogan.
Ni les
chefs d'Etat ou de gouvernement d'Algérie, d'Egypte, d'Israël, de Jordanie, ni
ceux du Maroc ou de Tunisie n'ont fait le déplacement. Les présidents de Syrie
et du Liban n'avaient pas été invités par la présidence britannique de l'UE, en
raison de la controverse entourant l'enquête de l'Onu sur l'assassinat du
Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Le chef de
l'Etat algérien Abdelaziz Bouteflika est quant à lui hospitalisé à Paris depuis
samedi soir et s'est fait représenter par son ministre d'Etat, Abdelaziz
Belkhadem.
"Certaines
absences sont justifiées, d'autres moins", a commenté le président du parlement
européen Josep Borrell.
Presque
tous les leaders européens étaient en revanche présents, sous la houlette des
deux hôtes Tony Blair et le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez
Zapatero.
M.
Zapatero conduisait dimanche peu avant 19h00 (18h00 locales) une réunion avec
tous les participants au sommet pour les informer sur le projet d'Alliance des
civilisations qu'il a formellement lancé plus tôt dans la journée à Palma de
Majorque (Baléares) avec M. Erdogan.
Le groupe
de haut niveau de l'Onu mis en place dimanche devra proposer des "solutions
concrètes" pour fomenter le dialogue entre l'islam et l'Occident, avec pour
ambition saper les "prétextes de légitimation" du terrorisme islamiste.
M.
Zapatero a assuré qu'il "considèrerait le sommet comme un succès s'il permet de
conclure un plan d'action sur cinq ans", concernant notamment le problème de la
régulation de l'immigration clandestine qui préoccupe l'Espagne.
Ce
document, l'un des trois que doivent adopter les 35 participants d'ici lundi à
la mi-journée, est celui qui pose le moins problème.
Plus
polémique en revanche est le "code de conduite" antiterroriste sur lequel les
délégations semblent avoir finalement trouvé un accord, en renvoyant à la
déclaration finale les références controversées aux frontières israéliennes de
1967 et au "droit à l'autodétermination et à la résistance" réclamée par les
pays arabes.
Les 35
semblent du coup avoir encore plus de mal à s'entendre sur la déclaration
finale, selon une source européenne.
L'Egypte
et la Tunisie opposent de fortes résistances aux pressions européennes pour
qu'elles prennent des engagements en matière de bonne gouvernance, de
démocratisation, de droits des femmes, selon la source espagnole.
"Si on a
les trois documents, pour moi, c'est un vrai succès", a estimé la commissaire
européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner.
La
nouvelle chancelière allemande Angela Merkel, qui devait s'entretenir dans la
soirée avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que ce
sommet, le premier auquel elle participe, "doit envoyer le message selon lequel
nous sommes interdépendants au sein de la région Méditerranée".
"Nous
avons des problèmes d'immigration, de terrorisme, et nous ne pourrons faire des
progrès sur ces fronts que si ces pays ont des perspectives économiques",
a-t-elle ajouté.
Plusieurs
milliers de personnes ont manifesté dimanche en milieu de journée dans le
centre de Barcelone contre "la Méditerranée du capital et de la guerre", avant
de se diriger en fin de journée vers le Centre de Conférences ou se tient le
sommet et de se disperser sans incidents sérieux.
Sommet Euromed : une occasion manquée entre le
Nord et le Sud
Courier international, 29 novembre 2005
L'Europe et les pays
du sud méditerranéen ont manqué l'occasion d'un vrai rapprochement lors du
sommet Euromed de Barcelone, quoiqu'en disent ses organisateurs, estimaient
mardi spécialistes et commentateurs.
La conclusion lundi
d'accords sur la lutte contre le terrorisme et sur un plan à 5 ans pour
contrôler l'immigration illégale et appuyer l'évolution politique, économique et
sociale des pays du pourtour méditerranéen a été saluée comme un "grand moment"
par le président britannique de l'UE Tony Blair. C'est un "succès significatif",
a renchéri dans une déclaration Javier Solana, Haut responsable de l'UE pour la
politique étrangère.
Cet avis n'était pas
partagé mardi par les médias espagnols. Les quotidiens d'opposition parlaient de
"fiasco" ou d'"échec" du sommet, tandis que la presse catalane et les journaux
proches du gouvernement socialiste soulignaient la portée limitée de l'accord a
minima sur le "code de conduite antiterroriste". Et de nombreux médias, comme
ceux de l'opposition espagnole, stigmatisaient des propos captés par les micros
du chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, coorganisateur du
sommet, selon qui il fallait trouver "un accord quel qu'il soit" entre les 25
pays de l'UE et leurs 10 partenaires méditerranéens.
L'absence de la
quasi-totalité des dirigeants arabes conviés au sommet a en outre souligné que
le fossé entre les deux rives de la Méditerranée demeurait profond, au-delà des
désaccords sur la définition du terrorisme ou sur le processus de paix aux
Proche-Orient, qui ont compliqué les négociations à Barcelone. "Il y a une
divergence de fond : les Etats du Sud demandent davantage d'aides alors que ceux
du Nord veulent subordonner (ces aides) à des avancées sur le plan de la
démocratisation et de la gouvernance", écrivait dans un éditorial publié mardi
le grand quotidien de Barcelone La Vanguardia.
"C'est l'impasse des
civilisations", a déclaré mardi un diplomate occidental ayant participé aux
discussions. Il faisait référence au projet d'"Alliance des civilisations" lancé
à l'occasion de l'Euromed par M. Zapatero pour promouvoir le dialogue entre
l'islam et l'Occident. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel
Angel Moratinos, a affirmé mardi à la radio Cadena Ser que l'Europe, après la
réunion de Barcelone, formait désormais un "bloc" uni, bien décidé a appuyer des
pays du Sud très "fragiles" dans leur "processus de consolidation et de réforme
politique et économique".
"Nous trouvons
humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques
euros. Qu'ils gardent leurs euros car nous voulons des réformes dans un cadre de
souveraineté", avait déclaré dimanche à Barcelone le ministre d'Etat algérien
Abdelaziz Belkhadem.
Ces crispations, ainsi
que l'intransigeance d'Israël sur la question du Proche-Orient et la gestion peu
probante des discussions par la présidence britannique, selon une source
européenne, expliquaient l'absence de déclaration conjointe a l'issue du sommet
pour accompagner les documents sur le terrorisme et le plan à cinq ans.
En outre, impasse
budgétaire européenne oblige, les aides "substantielles" promises par l'UE dans
le plan n'ont pas été chiffrées et les experts jugent irréaliste le projet d'etablir
d'ici 2010 une zone de libre-échange réunissant plus de 700 millions de
consommateurs de part et d'autre de la Méditerranée.
Le bilan des dix
premières années du "processus de Barcelone" est considéré comme les experts
comme plutôt négatif, ainsi que l'a confirmé une étude publiée pendant le sommet
par la fondation Robert Schuman. Aux dires des commentateurs, le sommet Euromed
ne semble pas avoir relancé de façon décisive ce partenariat euroméditerranéen.
Le sommet euro-méditerranéen s'ouvre à Barcelone en
l'absence des principaux dirigeants arabes
La Presse Canadienne
PAR
CHRISTINE OLLIVIER,
Le sommet de
Barcelone, qui doit célébrer le dixième anniversaire du processus
euro-méditerranéen et tenter de promouvoir les réformes et la démocratie dans
cette région du monde, s'est ouvert dimanche en l'absence de nombre de
dirigeants arabes.
Le sommet a débuté
dimanche avec une réunion consacrée à l'Alliance des civilisations, initiative
lancée par le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero en septembre 2004
pour tenter de prévenir un "choc de civilisations" entre l'Occident et le monde
musulman.
L'occasion pour le
président français Jacques Chirac de plaider une nouvelle fois en faveur du
"dialogue des cultures": "La diversité des cultures, des langues, des
traditions, est menacée par l'effet de lamimoir de la mondialisation", s'est-il
inquiété. "C'est l'une des raisons de la crispation identitaire qui se manifeste
dans le monde contemporain". "N'acceptons pas le piège que nous tendent ceux qui
veulent opposer les hommes, leurs croyances, leurs traditions", a-t-il
souhaité.
Alors que 22 des 25
pays européens étaient représentés par leur chef d'Etat et de gouvernement,
seuls deux des dix pays maghrébins et proche-orientaux membres du partenariat
avaient fait le déplacement dimanche: le président de l'Autorité palestinienne
Mahmoud Abbas et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
En revanche, le
Premier ministre israélien Ariel Sharon, le président égyptien Hosni Moubarak,
le président algérien Abdelaziz Bouteflika -hospitalisé à Paris-, les rois
Abdallah de Jordanie et Mohammed VI du Maroc, ainsi que le président libanais
Emile Lahoud, ont tous déclaré forfait. Le président syrien Bachar el-Assad,
lui, n'a pas été invité en raison du manque de coopération de son pays dans
l'enquête sur l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais
Rafic Hariri.
"Certains dirigeants
ne viendront pas pour des raisons diverses, mais il s'agira tout de même d'une
représentation de haut niveau. Je ne doute pas que ce sommet sera un succès",
positivait malgré tout le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère
et de sécurité commune, Javier Solana.
Le Premier ministre
britannique Tony Blair, président en exercice de l'UE, s'est dit quant à lui
convaincu que le partenariat euro-méditerranéen "a aussi un rôle politique
crucial à jouer" dans cette région du monde.
Lancé en 1995, le
processus de Barcelone ambitionnait de renforcer le partenariat entre l'Union
européennes et dix de ses partenaires méditerranéens (Algérie, Autorité
palestinienne, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie, Turquie).
La Libye est représentée en tant qu'observateur, alors que la Mauritanie est
pays candidat.
L'objectif affiché est
de créer un "espace commun de paix, de stabilité et de prospérité" avec une
région secouée par les conflits. C'est ainsi la seule instance, à l'exception
des Nations unies, qui réunit autour de la même table Israël et les pays arabes.
Le processus de Barcelone ambitionnait également de créer une zone de
libre-échange euro-méditerranéenne à l'horizon 2010.
Dix ans plus tard, et
bien que l'Union européenne ait versé à cette région quelque 3,4 milliards
d'euros entre 1995 et 1999 et 5,35 milliards d'euros entre 2000 et 2006, la paix
et la démocratie n'ont guère progressé.
Le président de la
Commission européenne José Manuel Barroso a donc suggéré dimanche que l'aide
économique soit davantage assujettie à des réformes démocratiques. Il s'agirait
"d'apporter un soutien financier à ceux qui veulent avancer vers davantage de
réformes politiques", a-t-il expliqué dans un entretien au journal "Malta
Independent".
Les 35 devraient
adopter lundi une déclaration politique réaffirmant les objectifs de Barcelone
et définir un nouveau programme de travail pour les cinq années à venir. Ils
devraient également adopter un "code de conduite contre le terrorisme".
Reste que, plusieurs
heures avant le sommet, les diplomates peinaient encore à se mettre d'accord sur
le contenu de ces textes.
Alors que les
négociations autour du budget européen pour 2007-2013 sont au point mort, Tony
Blair pourrait quant à lui profiter du sommet de Barcelone pour évoquer le sujet
avec ses partenaires européens, notamment avec le président français Jacques
Chirac. AP
Tripoli invitée au sommet sur le processus de Barcelone
PANAPRESS
LIBYE 17
novembre 2005
L'ambassadeur
d'Espagne en Libye, Joakim Pérès, a affirmé mercredi à Tripoli au secrétaire
adjoint du Comité populaire général libyen des relations extérieures et de la
coopération internationale, Said Hefyana, que son pays accorde une importance
particulière à la participation de la Libye au Sommet sur le processus de
Barcelone prévu en décembre prochain en Espagne.
Le diplomate espagnol
a, indique-t-on de source officielle libyenne, ajouté que l'importance accordée
par son pays à la participation libyenne repose sur le grand rôle que joue le
guide Mouammar Kadhafi dans le soutien des causes de la paix, de la sécurité et
de la stabilité dans la région de la Méditerranée, en Afrique et dans le monde.
Dans le domaine des
relations bilatérales, M. Pérès a souligné que son pays souhaite que ses
relations avec la Libye prennent les dimensions politique et économique
attendues à travers les programmes de visites et d'échanges de délégations,
notamment la visite du premier ministre espagnol en Libye.
Le secrétaire du
Comité populaire général libyen des relations extérieures et de la coopération
internationale, Abderrahman Chalgham, a déclaré lundi dernier au Caire, avoir
affirmé dans son intervention au cours des discussions de coordination des
ministres arabes des Affaires étrangères membres du Processus de Barcelone que
cet instrument a prouvé, après dix ans d'existence, son inefficacité et sa
futilité.
Il a plaidé à ce
propos pour une nouvelle formule de coopération dans la région de la
Méditerranée.
Sommet
Euromed de Barcelone: coopération régionale, terrorisme et immigration
Internaute actualité
Dimanche 27 novembre
2005, 12h19
L'absence annoncée de
nombreux leaders arabes jetait une ombre samedi sur le sommet Euromed de
Barcelone, au cours duquel l'UE et ses partenaires méditerranéens espérent
relancer une coopération défaillante, minée par les conflits, le terrorisme et
l'immigration clandestine. La défection de dernière minute du président égyptien
Hosni Moubarak est venue s'ajouter à l'absence de la plupart de ses homologues
arabes, alors que des discussions très serrées se poursuivaient sur un "code de
bonne conduite antiterroriste" voulu par la présidence britannique de l'UE.
"Ca n'a rien à voir
avec le fait que Tony Blair préside le sommet ou avec la situation en Irak", a
indiqué samedi à ce sujet à l'AFP une source diplomatique britannique à
Barcelone. Ce conclave de courte durée --moins de 24 heures entre dimanche soir
et lundi matin-- vise officiellement à donner un second souffle au "processus de
Barcelone", un "partenariat euro méditerranéen" lancé en 1995 pour faire de la
Méditerranée une "zone de paix et de prospérité".
Les chefs d'Etat ou de
gouvernement et les représentants de 40 pays présents devraient toutefois
s'intéresser davantage à des sujets brûlants: le terrorisme international, qui
vient de frapper à nouveau en Jordanie et la poussée migratoire incontrôlée
venant du sud, illustrée par les récents assauts sur les enclaves espagnoles de
Ceuta et Melilla.
Le président français
Jacques Chirac, la chancelière allemande Angela Merkel, dont ce sera le premier
sommet, et les co-organisateurs de la réunion, le Premier ministre britannique
Tony Blair, qui préside l'UE et le chef du gouvernement espagnol José Luis
Rodriguez Zapatero, devaient assister à ce sommet, comme la grande majorité des
leaders européens.
Pour Londres, le
sommet doit être "une date clé dans la lutte contre le terrorisme", avec
l'adoption du code de bonne conduite. Mais la définition du terme terrorisme
fait toujours débat. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, a
estimé vendredi à Barcelone qu'il ne fallait pas confondre le meurtre aveugle de
"civils innocents" avec la "résistance à des forces d'occupation".
Un important
dispositif de sécurité --6.000 agents appuyés par des avions Awacs de l'Otan--
se mettait en place samedi dans l'agglomération catalane où plusieurs
manifestations pro-palestiniennes ou alter-mondialistes sont prévues pendant le
week-end. Madrid attend pour sa part des décisions concrètes sur le contrôle de
l'immigration subsaharienne et l'aide financière aux pays d'émigration et de
transit. M. Zapatero souhaite également promouvoir son grand projet "d'Alliance
des Civilisations", occidentale et musulmane, avec l'ambition de miner les
fondations du terrorisme islamiste.
De nombreux
spécialistes et leaders politiques ont dressé à la veille du sommet un constat
d'échec relatif du "processus de Barcelone", lancé il y a dix ans dans
l'euphorie des accords d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens et fortement
appuyé à l'époque par M. Moubarak.
Ce projet "n'a pas
répondu à nos attentes. Le volet politique est paralysé depuis trois ans et rien
n'a été fait sur le plan culturel", a affirmé vendredi M. Moussa. Et le fossé
économique s'est élargi entre nord et sud de la Méditerranée, en dépit des 20
milliards d'euros d'aides de l'UE. Les experts estiment déjà irréaliste
l'objectif de créer avant 2010 une zone de libre-échange pour 700 millions de
consommateurs en Europe et autour de la Méditerranée.
Outre les 25 membres
de l'UE et l'Autorité palestinienne, neuf partenaires --Turquie, Algérie, Egypte,
Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie et Tunisie-- sont conviés au sommet, ainsi
que cinq pays associés ou observateurs, la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie la
Libye et la Mauritanie.
Ouverture de la conférence euro-méditerranéenne
L’humanité,
HASSANE ZERROUKY
BARCELONE paraît bien
loin. Le 28 novembre 1995 régnait un certain optimisme dans la capitale
catalane. Israéliens et Palestiniens commençaient à traduire dans les faits les
accords d’Oslo. Ehud Barak, ministre (travailliste) des Affaires étrangères, et
Yasser Arafat étaient les vedettes de cette rencontre. En Algérie, moins de deux
semaines auparavant, venait d’avoir lieu une élection présidentielle pluraliste,
où Liamine Zeroual venait d’être élu président de la République. Bref, l’espoir
était permis.
A l’issue de cette
conférence, un document fut adopté. Il définissait les grandes lignes d’un
partenariat entre les deux rives de la Méditerranée, fondé sur la mise en place
en 2004 d’une vaste zone de libre-échange pour l’horizon 2010. Ce document
comportait également d’autres dispositions concernant l’immigration clandestine,
le terrorisme et le trafic de stupéfiants. Chaque pays du Sud méditerranéen
était invité, aux termes de cet accord, à signer un accord dit d’association
avec l’Union européenne. Depuis, seuls trois pays - Tunisie, Maroc et Israël -
ont conclu des accords d’association avec l’UE. L’Autorité palestinienne a
également conclu un accord avec l’UE, mais de portée plus symbolique que
stratégique.
Un climat pessimiste
Entre-temps, en deux
années, la situation au sud de la Méditerranée a beaucoup évolué. Les données ne
sont plus les mêmes. A l’euphorie de Barcelone a succédé un climat qui prête
plutôt au pessimisme. Le processus de paix au Proche-Orient a pris du plomb dans
l’aile depuis l’arrivée de Netanyahu au pouvoir. « Il faut à tout prix dissocier
le processus de paix du suivi du partenariat euro-méditerranéen, sinon nous
allons tout droit à l’échec », a déclaré, inquiet de la tournure des événement,
un diplomate européen, interrogé par l’AFP.
Du côté des pays
arabes, la situation est appréhendé autrement. Pour ces derniers, la paix au
Proche-Orient conditionne toute avancée dans la mise en place du partenariat
euro-méditerranéen. C’est du moins ce qu’affirment ces pays qui se sont
récemment réunis au Caire. Et la récente tournée effectuée par le ministre des
Affaires étrangères néerlandais, en charge de la présidence du Conseil européen,
à Rabat, Alger, Tunis et au Caire, n’a, semble-t-il pas convaincu ses
interlocuteurs. Pour l’UE, il sera bien difficile de contourner la crise
proche-orientale. La politique de poursuite de la colonisation juive en
Cisjordanie et Gaza par Israël n’est pas de nature à faciliter les choses.
Les pays arabes et
l’OLP comptent mettre à profit cette conférence pour demander que l’Europe se
prononce clairement sur la question. Or, selon des sources diplomatiques, l’UE
tente de maintenir la crise proche-orientale à l’arrière-plan. La solution
envisagée ? Organiser, en marge de la conférence, une rencontre entre Yasser
Arafat et David Levy, le ministre des Affaires étrangères israéliens. A ce
sujet, les rumeurs se font persistantes. Selon David Levy, une rencontre avec
Yasser Arafat, à la demande de ce dernier, n’est pas exclue.
L’iimigration clandestine
Autre sujet sur lequel
divergent Européens et pays du Sud méditerranéen, le projet sur la sécurité et
la coopération qui sera présentée par la France au nom de l’UE. Ce projet
comporte des dispositions devant conduire à une sorte de partenariat en matière
de lutte anti-immigration clandestine, dispositions que rejettent, pour l’heure,
ces mêmes pays. Autrement, peu de progrès ont été faits en matière de
partenariat. Le Maroc, l’un des plus enthousiastes, s’est ravisé. Il demande une
révision de l’accord d’association signé avec l’Europe, n’ayant sans doute pas
trouvé son compte.
Une enveloppe financière dérisoire
L’Algérie, pour sa
part, se refuse à démanteler, sans contre-partie, les tarifs douaniers et
demande de plus, en se fondant sur le document signé à Barcelone, une assistance
européenne pour la mise à niveau de son appareil industriel...
L’UE, en ce qui la
concerne, se dit prête à tout mettre en oeuvre pour aider à accélérer les
réformes et la modernisation des structures économiques et bancaires ainsi que
l’aide à l’industrie privée. Toutefois, l’enveloppe financière accordée 4,6
milliards d’écus, soit 5,2 milliards de dollars - à ses douze partenaires du Sud
méditerranéen, paraît bien dérisoire au regard des besoins de ces derniers
comparativement à celle accordée aux pays de l’Europe de l’Est.
|